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Entretien exclusif avec Lydia Vall de Perez
 
 
 
A la veille de partir en Chine pour un nouveau reportage, Lydia Vall de Perez trouve encore le temps de nous partager son enthousiasme pour la photographie ! Rencontre avec une artiste de talent au grand cœur, sensible à la beauté de la nature et des expressions humaines... et pour qui la lumière est vitale.
 
 
 

Claude Bouchot : Bonjour, Lydia Vall de Perez. Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Lydia Vall de Perez : Que vous dire ? Je suis une femme curieuse qui s'intéresse à tout ce qui relève de la culture : littérature, arts, cinéma, sciences, histoire, archéologie (dans le désordre). Je suis sensible à la beauté dans la nature comme dans les expressions humaines, l'expression littéraire... et photographique, notamment. J'ai cette faculté d'empathie qui me permet de m'intégrer à un milieu, à des événements. C'est parfois très difficile à vivre aussi, mais tellement enrichissant ! C'est pourquoi, du reste, j'ai été très touchée par la façon vivante et attrayante dont vous nous contez, sur votre site, vos expériences photographiques et autres.


C. B. : Quand et comment vous est venue cette passion pour la photographie ? Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers pas dans cet art ?

Lydia Vall de Perez : Il m'est difficile, mon cher Claude, de vous répondre avec précision. Comme je vous le disais, j'ai, du plus loin qu'il m'en souvienne, toujours été attirée par la beauté des choses et me suis constamment attachée, même quand je ne disposais que de moyens fort réduits, à rendre mon environnement serein et lumineux, ouvert et harmonieux. D'aucuns disent « magique » mais il n'est point de magie autre que la manifestation d'une vive sensibilité, laquelle a ses inconvénients, certes, mais dispense ses grâces.

Et les belles photos m'ont toujours émue. Il y a bien des années, j'avais réalisé des photos sur papier argentique. Mais on les regardait une fois et, après les avoir rangées précieusement dans un album qu'on oubliait de rouvrir, elles ne restaient, au mieux, qu'un agréable souvenir. Et puis, il fallait à chaque fois attendre le développement... L'enchantement du moment s'estompait dans les nuées de la quotidienneté. En outre, mes premiers pas étaient d'autant plus maladroits que je n'étais pas sûre de moi. Il a fallu beaucoup d'ardeur à certains pour me persuader que mes images méritaient d'être publiées.

L'arrivée du numérique a tout changé. J'avais enfin la possibilité de capturer un instant magique, une lumière qui me faisait vibrer, et voir aussitôt mes photos sur l'écran de mon Mac. Je pouvais les recadrer afin de mettre en valeur un détail, un ruissellement lumineux ou en bonifier la composition. Elles devenaient vivantes entre mes mains et je retrouvais, à la lecture, la fascination de la prise de vue. Des détails ignorés se révélaient à l'écran. J'avais enfin prise sur ce que je réalisais. Et puis, je pouvais saisir tout ce qui m'intéressait sans crainte de me trouver à court de pellicule.

Un ami m'avait dit, alors que je formulais des doutes légitimes quant à la qualité de mes photographies du fait du matériel assez simple que j'utilisais : « Mais, Lydia, l'instrument essentiel est l'oeil du photographe ! Le reste importe peu. Tu vois ce que d'autres ne verront jamais – des instants, des détails, un mouvement furtif, un tableau éphémère – si tu ne le saisis dans tes photos et ne le leur donne à voir ! ». Vous ne dites pas autre chose, d'ailleurs, dans votre site, en d'autres termes, assurément. Cela m'a encouragée à continuer. Et il est de fait que nous avons, ce faisant, une autre façon d'entrevoir le monde... et la possibilité inouïe de fixer des instants à jamais disparus.


C. B. : Malgré vos débuts récents en photographie, vos travaux témoignent pourtant d'une remarquable maîtrise technique et artistique. Dans vos œuvres, vous êtes notamment exigeante quant à la qualité des ombres et des lumières, un aspect que vous semblez dominer aisément à la prise de vue, même en situation d'éclairage non favorable ! Quel est le secret de votre talent ?

Lydia Vall de Perez : Grand merci déjà, Claude, de cet hommage inattendu ! Je ne sais pas s'il m'est réellement possible de répondre à cette question. Il se trouve, en effet, que je suis très exigeante... pour tout, pour moi en particulier. Je n'apprécie guère les demi-mesures et, tout en sachant impossible d'atteindre la perfection, j'œuvre pour m'en rapprocher, modestement, à des années-lumière.

Vous voyez, je prononce encore le terme de « lumière » en parlant de distance ! C'est qu'il est de fait que la lumière est pour moi quelque chose d'essentiel, que ce soit les jeux du soleil sur les eaux, le clair-obscur d'un soir ou de la poésie, l'étincelle de l'intelligence, l'illumination que nous éprouvons devant la bonté, la beauté, la compréhension des êtres et des choses...

Donc, je m'attache à servir cette lumière que j'aime. Je n'ai point de mérite ; à mon sens c'est mon œil qui me guide. L'ami dont je parlais plus avant rajoute cependant, sachant mon niveau extrême d'exigence, que c'est aussi le fruit de longues années au cours desquelles cet œil apprit à servir mon esprit. Qui connaîtra jamais le secret d'un talent ? Mais merci de me dire que vous m'en accordez un !


C. B. : Techniquement, comment travaillez-vous ? Avec quel matériel ?

Lydia Vall de Perez : Ne parlons que de photographie numérique, si vous voulez bien. J'avais un Olympus C8080 bridge (8 millions de pixels) qui m'a servi fidèlement pendant des années et avec lequel j'ai réalisé les premières photos présentées sur mon site. C'était un bel appareil mais le zoom était faible et je désirais disposer de plus grandes capacités d'intervention sur mes photos, de plus de précision. Je me suis donc résolue à acquérir un Nikon D80 équipé d'un objectif Nikkor 18-200 qui me permet de capturer de très belles images, en zoom comme en grand angle, sans avoir à changer d'objectif.


C. B. : Quels sont vos thèmes de prédilection ?

Lydia Vall de Perez : Ils sont nombreux et, peut-être, hétéroclites. Je vous l'ai dit, tout ce qui a trait à la beauté, de la nature, des visages, des expressions, des comportements. Les jeux subtils de la lumière sur les eaux ou entre les frondaisons, les visages d'enfants... heureux, si possible, les activités humaines, amusantes, émouvantes. J'aime aussi l'étrange, l'acte inhabituel, les réalisations ou comportements baroques, parfois, la tendresse qui sourd dans le regard ou le geste d'une femme.


C. B. : « Un beau cheval sculpté, le cornac embrassant la trompe de sa bête, une fille aux yeux noirs qui me sourit, le mendiant amaigri au regard acéré, un temple décoré, la lumière d'un jour qui palpite et scintille ». Ce sont là effectivement quelques-uns de vos souvenirs – hormis les nombreuses galeries d'images – que vous partagez sur votre site-web suite à un (second) voyage en Inde. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce « monde de couleurs » qui vous a tant fascinée ?

Lydia Vall de Perez : Je suis très sensible à la lumière, et toutes ces couleurs chatoyantes aux nuances infinies m'ont émerveillée. Mais au-delà de ça, c'est l'être humain qui m'a réellement touchée au cœur : la gentillesse des gens, leur obligeance, leur générosité malgré leur pauvreté, leur beauté aussi, jusque dans leurs travaux pénibles, leur sérénité, leur spiritualité sans fard. J'étais émue au point que je ne saurais l'exprimer.


C. B. : Vous êtes décidément une grande voyageuse, récemment, c'est le Mali et plus précisément le pays Dogon qui vous accueillait. Dans ces grands espaces africains où la lumière ne « collabore » pas toujours avec le photographe, il s'agissait certainement pour vous d'un nouveau test... finalement, brillamment réussi !

Lydia Vall de Perez : Merci encore de vos compliments, Claude, que je sais sincères. Il est vrai qu'à mon grand étonnement mes amis ont été surpris que j'aie pu réaliser ces photographies dans des conditions parfois difficiles. Disons que j'ai fait ce que j'ai pu et que le reflex (protégé du sable et toujours nettoyé) m'a beaucoup aidée à réaliser ce que je voulais et, comme vous l'avez peut-être compris, quand je veux quelque chose... Et puis j'aime jouer avec la lumière, vous l'avez perçu, je pense.


C. B. : Depuis quelques années, vous êtes connue sur l'Internet où vous exposez vos œuvres. Pouvez-vous nous présenter brièvement les différentes rubriques de votre site que vous avez intitulé L'oeil de Lydia ?

Lydia Vall de Perez : Oui, c'est un ami, Pierre Mérouze, qui m'a persuadée d'exposer ces photographies que je pensais sans grand intérêt mais que mon entourage me poussait vivement à faire connaître. Ayant quelque talent pour ce faire, il m'a offert de le mettre à mon service pour créer un site selon les directives que je lui donnerais. Il m'était difficile de refuser. Je lui en suis réellement reconnaissante, d'autant qu'il continue avec grande compétence à entretenir ce site chaque fois que je lui envoie une série de nouvelles photos. Mais croyez bien que ces bonnes dispositions n'ont pas le moins du monde émoussé mon intransigeance. Tant qu'à posséder un site, je voulais qu'il fût à mon goût dans ses moindres détails. Mon ami en sait quelque chose, car il s'est vu obligé de se pencher plus d'une fois sur l'ouvrage jusqu'à ce qu'il corresponde exactement à ce que je voulais. La navigation devait être la plus fluide possible et la plus logique sans déconcerter le lecteur. Pour les rubriques, je les voulais aisément accessibles... via une série d'onglets apparaissant à gauche de la fenêtre.

Ainsi, l'onglet Galeries permet d’accéder à toutes les rubriques, ou presque ! Tout de suite après, et juste avant l'onglet Diaporamas, j'ai placé la rubrique Nouveautés où je fournis les dernières infos du site ainsi que l'accès aux photographies les plus récentes.

Puis viennent les différents thèmes : les voyages, d'abord : Mali et pays Dogon, le plus récent, mon Retour des Indes et des photos de la région de la Touvre où j'habite, classées aussi par thèmes : Neige sur la Touvre, Ciels, Brumes, les images de mes Cygnes ou de mes Fleurs, les Canards et poules d'eau (les poules d'eau sont des oiseaux très farouches et il est exceptionnel d'accéder ainsi à leur nid mais je suis aussi une grande amie des animaux que je m'efforce de protéger des prédateurs, humains et autres).

Viennent ensuite des images des Pyrénées en été, celles – insolites – de Lourdes, la rubrique Reflets que j'ai intitulée d'eau, de brume et de feu, tant les rayons du soleil ricochant sur les brumes qui s'élèvent au matin semblent les enflammer !

Suivent des photos de Torrents et cascades et de la Côte sauvage de l'Atlantique, tout comme Histoire naturelle est un clin d'oeil mettant en scène une parade d'amour chez mes cygnes sauvages. Enfin, une rubrique affiche mes Dessins numériques, tandis qu'une autre présente des calendriers sur des thèmes différents tirés de mes photographies.


C. B. : Vraiment un site de qualité comme on aimerait en voir plus souvent... certainement bien perçu par vos visiteurs ?

Lydia Vall de Perez : Je voulais pour l'affichage de mes photos une taille assez grande permettant leur appréciation et il semble que mes lecteurs soient ravis de ce choix dont ils me remercient. Mon Livre d'Or, par ailleurs, témoigne de l'intérêt des internautes… tandis que certains m'écrivent directement à l'adresse de contact de mon site pour m'envoyer des éloges qui me rendent confuse, tant au début, je n'y croyais pas vraiment. Des hommages qui me confortent et me portent à continuer. D'autres me demandent la permission de placer une ou deux photos sur leur site (permission qui leur est donnée, bien entendu, pour peu qu'ils en précisent l'origine). Quelques-uns, impatients, me demandent instamment quand je mettrai en ligne d'autres images de mes voyages !


C. B. : Retouchez-vous vos images avant de les éditer ?

Lydia Vall de Perez : Comme je vous l'ai dit au début de cette interview, Claude, généralement, je les recadre pour mieux faire ressortir ce que je veux exprimer. J'ai un ami qui a l'habitude de cadrer ses photos à la prise de vue. Mais, moi, je suis spontanée et, d'une seconde à l'autre, la magie lumineuse s'est déjà effacée... je n'ai donc pas toujours le temps de le faire ! J'aime aussi jouer un peu sur les contrastes chaque fois qu'il y a des reflets à la surface de l'eau, ce qui augmente l'effet lumière. Et parfois, mais rarement, suivant la photo et la composition, je sature un peu une couleur, toujours individuellement : soit le rouge, le bleu ou bien le jaune. C'est ce qui donne cette touche un peu irréelle à certaines de mes photos.


C. B. : Une dernière question, quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Lydia Vall de Perez : Dans les prochains jours, je vais faire un voyage en Chine. Je ne connais pas du tout ce pays, et j'imagine toutes les images, couleurs et lumières qui vont à coup sûr ravir mon regard et que mon Nikon va pouvoir capter pour mon plus grand plaisir et celui des amoureux de belles photos. Rendez-vous début juin pour les découvrir sur mon site...


Claude Bouchot : Merci, Lydia Vall de Perez, de cet entretien.

Lydia Vall de Perez : C'est vous, Claude, que je remercie de votre gentillesse, de votre compétence, de vos précieux encouragements qui me poussent à continuer et de cette volonté de faire connaître un peu mieux ce que je réalise modestement quotidiennement et donne en partage... merci !

4 mai 2007
 
 
Copyright © Claude Bouchot