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Détermination de la lumination à la prise de vue
 
Le contraste du sujet
 
 

La notion de contraste en photographie est très vague pour la principale raison qu'il n'existe aucune définition normalisée. La plupart des auteurs d'ouvrages sur la photographie parlent du contraste mais généralement dans le sens le plus large du terme et si quelques-uns semblent un peu plus précis, les divergences dans leurs définitions notamment lorsque cette notion est appliquée au développement du négatif et au tirage, ont de quoi dérouter les photographes qui cherchent à s'en faire une idée exacte. Aussi, dissipons tout nuage, essayons de rendre plus claire cette notion et nous verrons alors combien elle est importante en photographie.


Définition du contraste du sujet

Celui-ci se définit le plus souvent par le rapport des luminances extrêmes L/l où L est la luminance la plus forte du sujet et l la luminance la plus faible. Sans considérer les détails de la photométrie à laquelle nous dédions une page sur ce site, disons simplement que dans le cas de sources lumineuses étendues – les différentes plages du sujet qui réémettent une fraction du flux lumineux reçu se comportent comme des sources lumineuses étendues – on appelle luminance (symbole L) l'intensité lumineuse par unité de surface apparente de la source éclairante dans la direction perpendiculaire à la surface. L'unité reconnue internationalement correspondant à la luminance est la candela par mètre carré (cd/m2). On sait que la luminance du sujet est le paramètre le plus important dans la détermination de la lumination (ou exposition lumineuse).

Après cette définition rapide de la luminance, revenons à notre rapport L/l que l'on peut considérer comme l'une des caractéristiques du sujet. Qu'il soit lumineux part lui-même ou qu'il réfléchisse la lumière ambiante, un sujet photographique se compose de plages dont les luminances sont différentes. Ainsi, parmi toutes les plages du sujet (ou de la partie du sujet qui nous intéresse), celle que l'on retient comme ayant la plus forte luminance est la plage la plus lumineuse mais dans laquelle on souhaite distinguer tout de même des détails, une partie de ciel ponctuée de quelques nuages dans le cas d'un paysage par exemple. Nous appelons cette luminance la plus forte celle des hautes lumières du sujet. A l'opposé, la luminance la plus faible correspond à celles des ombres, c'est-à-dire à la plage la plus sombre du sujet dans laquelle des détails sont cependant exigés (tronc d'arbre, gazon...). Ce qui veut dire généralement que les luminances des hautes lumières et des ombres ne correspondent pas tout à fait aux luminances maximum et minimum du sujet mais aux luminances extrêmes utiles.

Par exemple, lorsque la luminance des hautes lumières est 64 fois plus élevée que celle des ombres, on dit que le contraste du sujet (ou intervalle entre luminances extrêmes) égal 64 à 1 ou 64 : 1. Dans la pratique courante, ce dernier intervalle correspond à un contraste moyen et généralement en photographie, on raisonne en supposant que le contraste du sujet est moyen.

 
Catégories de contraste
Limites habituellement
retenues
Sujets à faible contraste
4 : 1 et 16 : 1
Sujets à contraste moyen
32 : 1 et 128 : 1
Sujets à grand contraste
256 : 1 et 2048 : 1
 

Comment mesurer le contraste du sujet ?

Dans la détermination de la lumination, nous l'avons dit précédemment, la luminance du sujet doit être évaluée de façon précise puisqu'elle est l'élément de base essentiel. Pour cela l'opérateur fait appel à un instrument de mesure qui est tout simplement le posemètre appelé communément cellule. A partir de la luminance du sujet mais aussi en fonction d'autres paramètres, le posemètre, grâce à son calculateur incorporé, donne directement la combinaison ouverture de diaphragme/temps d'exposition, celle-ci étant exprimée aussi sur certains appareils en indices de lumination (1).

Avec certains posemètres appelés spotmètres, la mesure du contraste du sujet est particulièrement facile à réaliser car avec ces derniers, il est possible – à distance, sur un angle très réduit – de faire une mesure sélective précise des hautes lumières et des ombres ou de tout autre zone de la composition photographique. Notons que quelques-uns d'entre eux sont de véritables luminancemètres puisqu'ils peuvent exprimer les résultats de la mesure en cd/m2. Aussi, est-il très commode de déterminer avec précision le contraste (rapport L/l) avec ce genre d'appareils de mesure. Si par exemple, nous trouvons pour les deux luminances extrêmes, 1000 cd/m2 et 10 cd/m2, l'intervalle exprimant le contraste du sujet est de 100 : 1.

 
Le Spot Meter F Minolta (modèle de 2003), exemple de spotmètre permettant de faire des mesures sélectives sur un angle de 1°.
 
 

Par contre, les posemètres communs utilisés en lumière réfléchie – ayant un angle de mesure de 25 à 40° – ne permettent pas de mesurer à distance les luminances extrêmes du sujet. En effet, ces posemètres, du fait de leur angle de champ assez large, correspondant plus ou moins à celui de l'objectif de l'appareil photographique, intègrent toutes les luminances situées dans cet angle c'est-à-dire généralement l'ensemble des différentes plages du sujet. Dans ce cas, c'est une luminance moyenne du sujet qui est mesurée. Celle-ci est transformée par le calculateur en couple diaphragme/temps d'exposition et c'est ce que l'on demande essentiellement à cette catégorie de posemètres.

Néanmoins, lorsque le sujet est accessible, on peut calculer très approximativement le contraste de celui-ci en faisant, avec un posemètre à large champ, une mesure rapprochée (2) intégrant successivement les hautes lumières et les ombres du sujet ou de sa partie essentielle. Une condition toutefois est exigée, le posemètre doit être suffisamment sensible pour la mesure des ombres. Si par exemple nous enregistrons les deux ouvertures de diaphragme suivantes : f/22 pour les hautes lumières et f/2,8 pour les ombres (les autres conditions restant constantes), l'intervalle entre ces deux ouvertures reflète l'intervalle entre les luminances des plages mesurées c'est-à-dire le contraste du sujet. Comme nous savons qu'un objectif ouvert à f/2,8 est deux fois plus lumineux que lorsqu'il est ouvert à f/4 ou quatre fois plus lumineux que lorsqu'il est ouvert à f/5,6, il est aussi 64 fois plus lumineux que lorsqu'il est ouvert à f/22 et cet intervalle 64 à 1 est une indication du contraste de notre sujet.

S'il est plus facile d'évaluer le contraste en divisions de diaphragme (6 pour l'exemple précédent), on préfère néanmoins utiliser les valeurs logarithmiques de sorte que le rapport L/l s'exprime par la relation équivalente : log L – log l. Le tableau ci-dessous montre la relation entre les différentes expressions du contraste du sujet :

 
Expressions
arithmétiques
Divisions
de diaphragme
Expressions
logarithmiques
1 : 1
2 : 1
4 : 1
8 : 1
16 : 1
32 : 1
64 : 1
128 : 1
256 : 1
512 : 1
1024 : 1
2048 : 1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
0,0
0,3
0,6
0,9
1,2
1,5
1,8
2,1
2,4
2,7
3,0
3,3
 
 

________
1. Les indices de lumination (IL) sont des chiffres arbitraires exprimant des couples ouverture de diaphragme-temps d'exposition. IL 0 correspond toujours à 1 s à f/1 ou à une combinaison équivalente laissant passer la même quantité de lumière. IL 0 correspond donc aussi à 2 s à f/1,4 ou 4 s à f/2 ... L'intervalle entre deux valeurs d'IL équivaut à une division de l'échelle des diaphragmes ou de celle des temps d'exposition. Ainsi, IL 1 exprime les combinaisons 1/2 s à f/1 ou 1 s à f/1,4 ... Sur certains appareils, l'abréviation IL peut faire place aux abréviations étrangères EV ou LW qui signifient respectivement exposure value en anglais et Lichtwert en allemand.
2. Si l'on fait abstraction du phénomène de diffusion atmosphérique intervenant lorsque la distance sujet-posemètre est importante (plusieurs dizaines de mètres), sachons que cette dernière n'a pas d'influence sur la luminance mesurée. L'opérateur peut donc faire une mesure sélective à quelques centimètres du sujet.

 
 
A suivre :

Le contraste de l'image optique du sujet
Intérêt du contrôle du contraste à la prise de vue
 
 
Copyright © Claude Bouchot